C'est un des grands peintres de l'histoire de l'art espagnol. Il était amoureux fou de sa femme et un rien fashion victim. Le Musée Thyssen-Bornemisza et le Musée Sorolla lui consacrent une riche exposition et analysent l'influence de la mode sur l'œuvre du luministe Joaquín Sorolla.
Sorolla y la moda (Sorolla et la mode)
jusqu'au 27 mai à Madrid
Dans les années 1910, les femmes n'avaient plus besoin d'une servante pour entrer dans des robes impossibles; elles s'habillaient et sortaient seules faire du shopping. La modernité arrivait en Europe. En quelques années et une guerre mondiale, on allait jeter les corsets et les crinolines, monter à bicyclette et peut-être porter le pantalon. Mais ça ne se ferait pas d'un coup. Sorolla nous dit tout ça, quand il peint une femme moderne, qui commence à s'émanciper, et annonce quelques bouleversements sociaux.
En Espagne, Joaquín Sorolla (Valencia, 1863 - Cercedilla, Madrid, 1923) est aussi connu que l'est Monet chez nous. Nous dirions impressionniste, ils disent luministe. Il a connu la gloire de son vivant, était proche du roi Alfonso XIII, qui l'invitait au Palais, il voyageait beaucoup et vivait dans un hôtel particulier qui est devenu un magnifique musée consacré à son œuvre.
Joaquín Sorolla y Batisda, Sobre la arena, playa de Zarautz, (Sur le sable, plage de Zarautz), 1910, huile sur toile, 99x125 cm, Museo Sorolla, Madrid
Dans ses voyages - évoqués en fin de parcours au Thyssen par un amusant montage de petits films d'époque - Soralla a le regard attiré par les nouveautés qui se portent à Paris, à Londres, à New York. Dans ses lettres à sa femme Clotilde García del Castillo, il dessine les chapeaux, les robes, les nouveaux cols, les accessoires. Sur ses grandes toiles, le peintre élabore une langage virtuose sur les matières, qu'il baigne dans la lumière de la plage ou plonge dans l'intimité du salon familial : et nous offre la brillance du velours, la transparence du tulle, la douceur du feutre, la fraîcheur d'été de la serge et du coton.
Sorolla était le peintre du gotha. L'expo est axée autour des portraits de dames de la haute société madrilène (qui sont toutes passées par son atelier), de Clotilde, à l'excès : Clotilde en robe grise, Clotilde en noir, Clotilde en robe de soirée... De la famille royale (l'exposition est agrémentée d'un magnifique portrait en pied du roi Alfonso XIII). Et de grandes bourgeoises américaines, dont la fortune augmentait au rythme de la construction des gratte-ciel de New York.
Joaquín Sorolla y Batisda, Clotilde con traje negro (Clotilde en noir), 1906, huile sur toile, 187x119cm, The Metropolitan Museum of Art, New York
Sorolla venait d'un milieu modeste, sa femme Clotilde était une bourgeoise. C'est quand la famille s'installe à Madrid, en 1889, que le peintre commence à flirter avec la célébrité. Avec une scène de genre représentant le transfert d’une condamnée dans un wagon de chemin de fer, d'une facture réaliste et sociale, il obtient une médaille d’or à Madrid et une médaille d’honneur à Chicago. En 1894, Sorolla se rend à Paris et, sous l’influence de l’impressionnisme, commence à éclaircir sa palette, en même temps que grimpe sa cote internationale. En s'improvisant brillant chroniqueur de mode, il flattera le tout-Madrid, jusqu'à la reine Victoria Eugenia, qui voudra être figée dans ses toiles de lumière...
Joaquín Sorolla y Batisda, La Reina Victoria Eugenia, 1911, huile sur toile, 109x95cm, The Hispanic Society of America, New York
L'exposition du Thyssen réunit 70 œuvres venues du monde entier (certaines n'ont jamais été exposées) et des vêtements de l'époque, prêtés par le Victoria & Albert de Londres, le Museu Tèxtil de Terrassa, le Musée de Arts Décoratifs de Paris et le Musée du costume de Madrid.
Sorolla y la moda (Sorolla et la mode)
jusqu'au 27 mai à Madrid
Museo Thyssen-Bornemisza paseo del Prado 8, Madrid
Museo Sorolla c/ General Martínez Campos 37, Madrid